Pourquoi voit-on des Sœurs avec et sans maquillage à Montréal ?
En fait nos fondatrices en 1979 à San Francisco ne portaient pas de
maquillage. C’est l’une d’entre elles, qui à cause de son activité de travailleur du sexe, a commencé à se maquiller pour que ses clients ne la reconnaissent pas en action. Cette expérience a beaucoup renforcé l’action des Sœurs (et leur plaisir aussi) en constituant un véritable « visage de sœur » en action.
Deux traditions sont donc nées, celles de certaines sœurs américaines, de nos
sœurs australiennes et de certaines de nos sœurs anglaises travaillant sans
maquillage et celles de la majorité des sœurs à travers le monde qui utilisent le maquillage.
Le couvent de Montréal s’est tout de suite posé la question et a décidé d’être un couvent de tradition mixte où chaque sœur peut apprendre à se maquiller si elle le souhaite ou le peut (certaines souffrent de difficultés motrices ou même de difficultés financières car le maquillage à un prix !) mais ensuite chacune est libre de venir en action avec ou sans maquillage.
La plupart du temps c’est une question de logistique et de temps disponible pour le maquillage mais cela peut aussi être un choix personnel ou collectif en fonction de l’action où nous estimons que notre maquillage serait plus une limite qu’une aide dans nos interactions.

Pourquoi vos voiles de cérémonies sont bordées de blanc ?
Le grand voile noir que nous recevons durant notre élévation de Sœur et que nous utilisons principalement durant les grandes cérémonies est toujours bordée de blanc pour nous rappeler que quelle que soit notre ancienneté nous restons des novices tout au long de notre vie de sœur, attentives à rester à l’écoute et dans l’apprentissage.
Cette tradition propre au couvent de Montréal est née d’un acte de Sœur Marie Thimothy Simplicity à San Francisco dans les années 2010. Elle décida de porter son voile blanc de novice sous son voile noire en toute occasion pour se rappeler à elle-même et aux autres sœurs le fait que l’élévation au rang de Sœur de la Perpétuelle Indulgence n’était ni un pouvoir ni un aboutissement mais bien une étape sur notre chemin d’apprentissage.
C’est en hommage à ce geste et en continuation de ce qu’il représente que nous avons décidé de border nos voiles noires de ce liseré blanc.

Pourquoi « Être une Sœur Pour ses Sœurs » est la première règle du
Couvent de Montréal ?
Au fur et à mesure des années en France mais aussi en Allemagne et aux
USA, Sœur Mystrah a pu constater beaucoup de violence à l’intérieur même des Couvents. Elle était extrêmement préoccupée par la « durée de vie » souvent courte (quelques années) de l’engagement des Sœurs au sein des couvents.
A cela deux causes principales :
1- La violence à laquelle les sœurs font face (homophobie, violences
politiques ou physiques durant les actions, récits ou réalités difficiles
partagés avec nos ouailles) les conduisent souvent à décompenser entre
elles. L’usage d’un humour violent et répétitif, d’une autorité
disproportionnée, d’une radicalité excessive etc. entre sœurs ont souvent
entrainé des conflits internes et/ou interpersonnels extrêmement et
inutilement violent.
Notre réponse est d’essayer de porter à nos sœurs au moins autant d’attention, de bienveillance et d’affection que celles que nous essayons d’offrir en action.
2- Les traumas personnels de beaucoup de ceux et celles qui nous
rejoignent peuvent les pousser à des comportements qui ne sont pas
compatibles avec la vie et le travail en groupe que nécessite un Couvent.
C’est tout le travail de discernement des Marraines et des Sœurs des Novices
mais aussi de chaque sœur durant le postulat et le noviciat des futures sœurs. Il faut pouvoir distinguer si ces comportements sont circonstanciels ou plus
profonds et avoir le courage collectif d’aider la personne à prendre le temps de résoudre ces problèmes avant d’intégrer le groupe. Savoir dire NON pour le groupe autant que pour la personne est très difficile mais absolument nécessaire pour la pérennité du groupe autant que pour le bien être de chacun.
Avoir un mode de fonctionnement interne conforme au meilleur de ce que nous espérons pour nos communautés est l’un de nos plus grands défis. C’est pour tenter répondre à ces problématiques et y rester vigilantes que les Sœurs de Montréal ont pour première règle d’essayer d’« Être une Sœur pour Leurs Sœurs » reprenant à leur compte l’adage des Compagnons du Devoir « Servir sans se Servir ni s’Asservir ».
Le sexe et les problématiques de consommation chez les Sœurs ?
Nous sommes très souvent amenées à travailler dans des lieux, des
évènements où la sexualité et parfois la consommation d’alcool ou d’autres
drogues sont très présents. Il est extrêmement important que chaque sœur soit au clair avec elle-même sur ces sujets.
Le sexe en costume est interdit. Tant que nous sommes en Sœur, que nous
agissons en tant que Sœur ou au nom du Couvent ou de l’Ordre nous n’avons aucune interaction sexuelle. Libre à chacun de se retrouver après ou ailleurs pour un café ou autre chose… mais en action c’est NON. Nous sommes très attentives à ce que l’intégrité physique de nos sœurs soit respectées et il est tout aussi important pour nous que tous nos gestes physiques soient uniquement motivés par la tendresse et l’empathie et ne puissent pas être interprété autrement.
Les drogues (incluant l’alcool) sont à la discrétion de chacune. Certaines d’entre nous sont abstinentes pour des raisons différentes, d’autres sont des
consommatrices occasionnelles. Quel que soit la situation notre règle est :
« Gère-toi et le Ciel t’aidera ! ». La consommation ne doit en aucun cas interférer avec notre travail.
Le secret de la Confession ?
Tout ce qui est dit à une sœur l’est dans le cadre stricte du secret. Si une sœur souhaite partager quelque chose qu’elle a reçu cela peut se faire uniquement entre sœurs et en anonymisant la personne.
Afin de veiller à la santé mentale de nos sœurs nous prenons régulièrement des moments « états d’âme » durant nos chapitres mensuels et veillons à ce
qu’aucune d’entre nous n’est pas à porter seule des confidences trop lourdes
pour elle.
La confiance faite est aux sœurs est l’un de vos dons les plus précieux; nous en sommes aussi fières que responsables.

Quel âge ont les sœurs ?
Mais enfin, Éternellement jeune bien-sûr ! en fait, la moyenne d’âge du couvent à Montréal est plutôt la quarantaine mais pour devenir sœur il suffit d’être majeur ou émancipé et la plus âgée d’entre nous à plus de 70 ans ! la dimension intergénérationnelle chez les sœurs est l’une de nos plus grandes richesses, nous la cultivons avec bonheur !
Diversité et Inclusion au Couvent de Montréal
Le couvent de Montréal a toujours été une sorte de laboratoire et nous sommes toutes particulièrement ouvertes à l’expérimentation. Les sœurs sont attentives à cultiver et à se rendre solidaires de chacune des causes qui tiennent à cœur aux autres. Nous assurons entre nous une sorte de formation continue sur de très nombreux domaines de lutte profitant de l’engagement, du savoir et de l’expérience de chacune. Nous essayons aussi de nous rendre disponibles pour aller soutenir chaque sœur dans la plus grande diversité d’actions possibles.
Nous avons fait le serment de participer au combat social et nous essayons de le faire dans un maximum de domaines encouragées par l’enthousiasme personnel de chacune.
Pourquoi n’y a-t-il pas de Mère Supérieure au Couvent de Montréal ?
Parce que nous ne reconnaissons aucune hiérarchie chez les Sœurs ni dans
l’Ordre des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.
Certaines anciennes mettent leur expérience et leur bienveillance au service des plus jeunes mais cela peut parfaitement être l’inverse en d’autres occasions.
Nous comprenons et respectons l’importance que ce rôle a pu prendre dans les traditions d’autres couvents mais nous n’en n’avons jamais ressenti le besoin ni l’utilité à Montréal.
Pourquoi les Sœurs sont-elles politiques ?
Nous sommes politiques mais non partisane. En fait les sœurs sont beaucoup plus diverses politiquement qu’il n’y parait. Nous avons toutes et chacune nos histoires, nos engagements et nos opinions politiques parfois très différentes sur bien des sujets.
Nous croyons que ce que nous sommes et ce que nous faisons est politique au sens où ce qui nous rassemble c’est l’envie de servir avec générosité le corps social tout entier et de répondre aux besoins de nos communautés.
Nous nous retrouvons sur des valeurs fondamentales qui guident nos actions et nous incarnons par notre identité même de Sœur une certaine idée du vivre ensemble, de la défense des libertés individuelles, de l’émancipation personnelle et collective.
Nous croyons toutes à l’action non violente, au pouvoir de l’Humour, de la Mémoire et de l’Amour.
